Richard Fourdrinoy, éducateur sportif et sophrologue

3 questions à Richard Fourdrinoy, éducateur sportif et sophrologue

Richard Fourdrinoy, éducateur sportif et sophrologue à Paris nous partage les raisons qui l’ont fait choisir son métier, des temps forts de son quotidien et ses projets pour l’avenir.

Entrevue filmée dans le cadre de notre série d’interviews 3 questions pour un professionnel libéral :

  1. Quelles sont les raisons de votre engagement dans la profession libérale choisie ?
  2. Quel est votre meilleur souvenir, une émotion forte de votre exercice professionnel ?
  3. Quel projet professionnel, quel développement nourrissez-vous aujourd’hui ?

+ la 4e Question d’actualité : « Quels sont vos espoirs pour les Jeux Olympiques Paris 2024 ? »

Les professions libérales, ce sont les métiers de la vie, des professions à impact qui accompagnent les particuliers et les entreprises au quotidien avec proximité et humanité, de la naissance à la fin de leur existence, dans leurs réussites comme dans leurs difficultés.

Voir la vidéo portrait de Richard Fourdrinoy :

Extraits choisis


Ça ne sert à rien de rajouter des années à la vie. Moi, je rapporte de la vie aux années, c’est ça qui est intéressant. Je les fais bouger et ils prennent conscience que le mouvement, c’est la vie, que le fauteuil est un cercueil. Il faut essayer au maximum de leur faire comprendre, sans aucune injonction. « Allez, lève-toi« , non, ça ne marche pas, ça. Donc, il faut toujours trouver des petits trucs. Avant, je gérais des machines humaines, des monstres, alors c’est hyper facile d’avoir une personne qui est un peu fragile, de l’amener exactement où j’ai envie de l’amener. Il y a plein de stratégies, par le jeu, par l’érudition aussi… Ça fonctionne très bien.

Quelles sont les raisons de votre engagement dans la profession libérale choisie ?

C’est une longue histoire. Je suis un ancien policier. J’ai fait plus de 35 ans de police : j’y suis entré en 1986 pour la quitter en 2021. J’ai toujours fait de l’accompagnement, comme formateur, acteur et opérateur dans tous ses services. Formateur dès 1989-1990, ensuite, je suis parti dans les services opérationnels de 1995 à 2017 dans ce qu’on appelait « les forces spéciales de la police » : le RAID (recherche, assistance, intervention, dissuasion), la BRI (Brigade de Recherche et d’Intervention), la protection rapprochée… A la protection rapprochée de personnes extrêmement menacées, qui étaient le Pape, Jean-Paul II, Shimon Peres, Isaac Rabin… tous ces gens-là, pendant cinq ans, je les ai protégés. C’est-à-dire qu’à chaque fois qu’ils venaient en France, le gouvernement français disait: « OK, ils peuvent venir à une seule condition, c’est que le GAP (Groupe d’Appui et de Protection) s’occupe de ces personnalités. » On opérait aussi bien en France qu’à l’international, à travers le monde. Ensuite, je suis parti au RAID pendant quelques années. Je suis revenu ensuite à la protection rapprochée m’occuper de Jean-Pierre Raffarin, alors Premier ministre, puis j’ai exercé à la BRI pendant six ans et Les Fugitifs (Brigade nationale de recherche des fugitifs) pendant cinq ans.

Donc un parcours assez riche et, en même temps, j’étais formateur. Je formais les collègues à l’intervention, les collègues au sport, au plan technique et professionnel, puis à la préparation physique et mentale, parce que je suis sophrologue en même temps. Je mélange un petit peu tout et j’ai toujours aimé cet accompagnement.

Aider les gens, c’est quelque chose qui fait partie de mon ADN et c’est quelque chose que j’aime beaucoup. Le COVID m’a fait prendre conscience, j’ai essayé de développer quelque chose : j’ai créé ma société, d’abord en auto-entrepreneur, puis en société. C’est une société assez multiforme, où je fais de l’accompagnement personnalisé, collectif, aussi bien en préparation physique qu’en préparation mentale.

Je suis aussi diplômé en sport santé, donc je peux intervenir chez des gens qui sont malades, jusqu’à un certain degré. Je travaille avec des kinés et avec des médecins, avec pas mal de professions libérales dans le domaine médical. Je suis en interactivité vraiment tout le temps. Quand il y a un domaine qui me dépasse, tout de suite, je transfère à des psychologues, des psychiatres, des thérapeutes et inversement.

Je n’aime pas le mot « clients », j’aime bien les appeler « mes élèves » et, avec les professionnels de santé, on se passe des gens pour leur permettre d’atteindre leur but, de les élever, qu’ils aillent beaucoup mieux.

(Dans une salle de sport de combat) Ce n’est pas le but, d’en faire des combattants. Le but, c’est qu’ils soient combattants de la vie, j’aime bien dire ça. C’est-à-dire qu’on va leur donner une forme de corps, une assurance. Et une fois qu’ils sont ici, qu’ils ont une assurance dans leur corps, il y a une estime de soi, une confiance en soi qui vient. Et si par malheur, il leur arrive une merde dans la rue, ils peuvent quand même se défendre un petit peu. Ils ont au moins une forme de corps quand même pas mal, pour des non-combattants.

Quel est votre meilleur souvenir, une émotion forte de votre exercice professionnel ?

C’est vraiment le moment phare, j’en parle assez souvent. Certains diront que c’est nul, mais moi, c’est quelque chose qui m’a vraiment énormément plu.

Il y a maintenant trois ans, dans un cabinet d’avocats pour lequel je travaille, un avocat vient me voir et me dit: « Richard, j’ai un gros souci avec une de mes clientes, qui est comme ma grand-mère, je jouais déjà sur ses genoux quand elle venait au cabinet de mes parents. On sort de chez le gériatre et elle en a pour six mois… Le phénomène de glissement, elle va mourir dans six mois. J’aimerais que vous fassiez quelque chose pour elle.« .

C’était au début de cette aventure. Je me suis dit : « Oui, mais moi, je suis plus habitué à donner des cours de boxe, à faire bouger des gens en pleine santé que des gens qui sont malades. Ce n’est pas mon truc… » Et là, avec presque les larmes aux yeux, l’avocat m’a dit : « Faites quelque chose, Richard, parce que j’aime beaucoup cette personne. C’est comme ma grand-mère, faites quelque chose. » J’ai alors fait une formation en sport santé, pour pouvoir l’accompagner. Et ça fait trois ans que je suis avec elle maintenant, donc elle n’est pas morte, elle est toujours en vie. D’ailleurs, je sors d’une séance avec elle.

J’ai oublié de le préciser, c’était une dame de 90 ans. Maintenant, elle en a 93, bientôt 94.

Je me souviens de la première séance, elle était comme ça, elle avait les mains d’artiste peintre, comme ceci. Elle me disait: « Non, ne bougez pas mes mains, j’ai de l’arthrose de partout. » Je lui disais de bouger les bras : « Non, ne bougez pas mes bras, j’ai mal partout« . Maintenant, on fait du qi gong ensemble, on fait du tai-chi, on bouge dans tous les sens. Elle a tellement repris du poil de la bête qu’elle s’est remise à marcher bien comme il faut.

Elle a repris beaucoup de confiance en elle et elle s’est cassée le col du fémur à droite, donc elle a eu six mois d’arrêt. C’était un peu compliqué mais je ne l’ai jamais lâchée. J’allais la voir alors qu’elle était en chaise roulante. J’allais la chercher chez elle et, en chaise roulante, je faisais de grosses séances d’une heure et demie à deux heures. On partait au Bois de de Boulogne. C’est quelqu’un de très érudit au point de vue culture et on faisait énormément de visites un peu culturelles ou je faisais de la sophrologie, des exercices, avec des petites balles, des petits machins…

Parce qu’elle n’avait plus envie, vu qu’elle était tellement fatiguée, j’ai dû trouver plein de stratégies pour qu’elle ait toujours envie de me voir. Elle a repris du poil dans la bête et une fois qu’elle est repartie, elle s’est refait la deuxième manche, elle est retombée dans sa chambre, même si c’est quelqu’un qui est très entourée, avec beaucoup de monde autour d’elle.

Après la deuxième chute, c’était plus difficile parce qu’encore plus fatiguée, avec des moments où c’était un peu compliqué. Maintenant, c’est reparti. On est reparti à fond et on remarche un ou deux kilomètres ensemble. On fait des exercices de mouvements fonctionnels, des debouts assis, j’utilise ses bras et tout.

C’est peut-être le moment de pivot dans ma pratique et ça m’a étonné de pouvoir gérer des gens comme ceux-ci, dans mes capacités. Je vous expliquais tout à l’heure que, dès que ça dépasse mes compétences, tout de suite, je transmets. D’ailleurs, je commence toutes mes conférences comme ça. Moi, je suis pas un gourou. Dès que je sens que la personne ne va pas bien, il faut aller voir un psy ou plutôt un médecin, tout de suite, il faut le faire.

Quel projet professionnel, quel développement nourrissez vous aujourd’hui ?

Le grand projet que j’ai, c’est dans le contexte du changement climatique : j’ai des soucis de chaleur quand je travaille dehors et quand il fait très chaud, c’est terrible. Ou alors quand il fait très froid ou qu’il pleut. Comme j’utilise uniquement l’extérieur, j’ai souvent des appels pour annuler les séances, parce qu’il pleut ou que le temps n’est pas terrible. C’est un peu complexe. Je vieillis aussi, j’ai 60 ans bientôt et je me dis que si j’avais un spot, ça serait quand même intéressant.

L’idée que j’ai, ce serait d’avoir une salle de 20 à 30 mètres, pas plus grand que ça, où je continuerais mes activités, mais à l’intérieur. Ce qui m’intéresserait, c’est de continuer à travailler dehors, mais dès qu’il ne fait pas beau, on a un spot de repli, ce qui me permettrait de travailler plus en confort.

Le deuxième projet que j’ai, c’est de travailler avec le handicap, ça m’intéresse beaucoup. Ca fait quand même 35 ans que je fais coach sportif, éducateur sportif et plus je vieillis, plus ce que j’aime, c’est m’occuper de gens qui ne sont pas en forme du tout, qui viennent et veulent être challengés de manière à vivre. Eux, ils ne veulent pas perdre trois kilos, ce qu’ils veulent, c’est vivre !

Là, je m’occupe de deux grands enfants, ce sont des adultes, ils sont autistes. C’est passionnant. Passionnant parce que je les stimule et je les vois vivre, je les vois évoluer. Les professionnels qui travaillent avec eux et leurs parents me disent que c’est incroyable ce que je fais. Ça, c’est bien. Je fais de la boxe avec eux, je fais plein d’activités…

J’ai énormément d’amis qui m’ont vu travailler par hasard dehors. Ils ont toujours eu des yeux incroyables. Ils connaissent mon passé, ils savent ce que j’ai fait. Donc, passer de Bill Clinton, par exemple, que j’ai protégé à Lyon, à une petite dame de 93 ans dans un parc, où je la porte, où je lui fais faire des gestes tranquillement, toujours dans mes compétences, eux, ils ne comprennent pas.

Que je sois passé de métiers hyper « testostéronés » à des choses comme ça, à faire bouger les bras à une dame de 93 ans, ils ne comprennent pas. Personne ne comprend d’ailleurs mon approche, mais quand on me connaît bien, on sait que mon grand cœur et ma bienveillance font que c’est ce qui me passionne maintenant.

Quels sont vos espoirs pour les Jeux Olympiques Paris 2024 ?

J’ai toujours aimé les Jeux olympiques, cette ambiance qu’il y a et cette grande effervescence. Je suis un ancien athlète, pas de haut niveau national mais je faisais de la course à pied, du semi-marathon. Donc, j’adore toutes les épreuves d’athlétisme. Comme je suis boxeur, j’aime la boxe. J’aime aussi la natation. Voilà les épreuves que j’aime bien regarder.

J’ai des souvenirs d’avoir regardé les Jeux olympiques en vacances au mois d’août avec mes deux grands enfants, qui ont aujourd’hui 35 et 32 ans. Je me rappelle de divers Jeux olympiques et c’étaient des moments familiaux importants dont je me rappelle.

Mais maintenant que nous sommes au cœur des JO… Par exemple, ma vieille dame de 93 ans, je ne peux plus l’amener aux Invalides, je lui ai expliqué qu’on ne pourra plus se voir là-bas, parce qu’ils ont entièrement tout bouclé.

Dans le sport, pour le business, il y a comme ça des moments importants. Par exemple, c’est sûr et certain qu’après les Jeux olympiques, je vais avoir des demandes pour une remise au sport. Il y a toujours pour les gens, une sorte de transfert émotionnel sur les Jeux olympiques. C’est génial de voir des athlètes comme ça, forcément, ils vont voir passer des choses. Et j’aurai une forte demande de nouveaux cours à partir de septembre, octobre, c’est sûr et certain.

Après, ça se dégonfle tout le temps. Par exemple, pour une activité de boxe, j’ai une soixantaine de personnes inscrites. et il reste 20 personnes maintenant. C’est toujours pareil, c’est un peu le business model de toutes les salles de sport.

Il y a un effet Jeux olympiques qui est très intéressant. J’ai deux enfants, deux adolescents qui rêvent de voir les Jeux olympiques, c’est assez magique quand même !

Nous, on est en plein dedans, comme on habite à deux mètres, on va avoir un QR code pour pouvoir se balader dans la rue. C’est un peu complexe. Donc oui, c’est bien les Jeux olympiques, mais après, l’envers du décor est un peu spécial quand même.

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