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L’interprofessionnalité pour répondre et prévenir les enjeux de santé et de bien-être de tous

Le compte à rebours pour les jeux Olympiques a commencé, en tant qu’organisation fédérant des professionnels libéraux et en particulier ceux de la santé et du bien-être, mais aussi ceux du cadre de vie, il nous a paru important de rappeler les bienfaits des activités sportives à tous les âges de la vie, pour lutter contre la sédentarité et tous les effets délétères qu’elle engendre. L’activité physique, le sport sont désormais totalement intégrés aux parcours individualisés de santé et à la prévention et aux soins des maladies chroniques qui provoquent chaque année plus de morts que les pandémies.

Le collectif pour contrer l’impact de nos modes de vie sur la santé : sédentarité, déséquilibres alimentaires et impacts des dérives environnementales 

La collaboration interprofessionnelle en santé a toujours, plus ou moins, existée. Les maisons de santé ont été créées en 2007 pour permettre l’exercice collectif tandis que l’interprofessionnalité a été créée par la loi Macron en 2017. Aujourd’hui ce format s’impose comme une nécessité avec des collectifs de professionnels dont le champ s’élargit. Avec l’amiante, mais aussi les phénols, pour ne citer que ces deux exemples, l’habitat fait désormais partie intégrante de la prévention en matière de santé.

Des maladies chroniques en fort développement

Les pandémies ne doivent pas faire oublier que chaque année un petit nombre de maladies tue un nombre bien plus élevé de personnes que le Covid. C’est d’ailleurs en 2021, que la Cour des comptes, a choisi de centrer son évaluation des politiques de prévention de santé, sur trois grandes familles de pathologies : le cancer, les maladies neuro-cardio-vasculaires (NCV) et le diabète de type 2. Un choix guidé par le fait qu’elles ont en commun les mêmes facteurs de risque principaux, à savoir la consommation de tabac et d’alcool et l’obésité. 

La prévention ou prise en charge de ces maladies multifactorielles nécessite des compétences complémentaires et toute une chaîne de compétences est nécessaire pour changer nos modes de vie. Ces changements demandent naturellement du temps, beaucoup de temps et passent par un faisceau d’actions et d’acteurs. Acteurs les professionnels libéraux le sont depuis bien longtemps mais le temps manque par rapport à des maladies en constante augmentation. L’interprofessionnalité au sens large trouve aujourd’hui toute sa raison d’être pour renforcer la lutte.

Sous la pression des maladies, une évidence : passer à la vitesse supérieure

La santé, le bien-être de tous est un enjeu économique important, en effet, le coût de la maladie est supérieur à celui de la prévention, sans parler le coût humain que représente des décès prématurés alors que l’espérance de vie ne cesse d’augmenter. 

À la différence d’autres pathologies qui auraient pu être retenues, la causalité entre ces facteurs de risques : comportements individuels délétères liées au tabac et à l’alcool, mauvaise alimentation, faible activité physique, problèmes de santé mentale etc., est établie scientifiquement et souvent de façon ancienne. Ainsi l’obésité a cette particularité d’entrainer des maladies telles que le diabète de type 2, les maladies cardio-vasculaires, l’hypertension, des cancers, et elle augmente inexorablement partout dans le monde à tous les âges de la vie. La croissance du taux d’enfants obèses est particulièrement préoccupante.

En 2022, plus d’un milliard de personnes dans le monde étaient obèses : 650 millions d’adultes, 340 millions d’adolescents et 39 millions d’enfants. L’obésité est en progression dans tous les pays et notamment dans les milieux urbains, soit une personne sur 8 !

En France, une personne sur deux est en surpoids (47,5 % source ISERM 2022) et 17 % des adultes (contre 13 % dans le monde). L’Ile de France est la région où le taux d’obésité est le plus faible 14,2 % contre 22, 1 % dans les Hauts de France ou 20,2 % en région Grand Est. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) fixe des objectifs précis aux Etats, notamment de réduire de 15 % la sédentarité des populations d’ici 2030.

Quels collectifs de professionnels ? 

Compte tenu des connaissances acquises aujourd’hui et du recul dont on dispose, on sait que l’on s’inscrit dans une systémique complexe dans laquelle toute action isolée a un impact faible.

La potentialisation des actions est donc recherchée :

autant d’actions qui complètent les effets délétères de la numérisation de nos vies.

Prévenir suppose d’éduquer, de faire changer les comportements, ce qui ne s’entend que sur le long terme. De communiquer de façon coordonnée, cohérente entre les différents acteurs, de proposer une prise en charge tant pour la prévention que pour les soins.

En mars 2023, 2251 maisons de santé pluri professionnelles (MSP) sont en fonctionnement en France, l’objectif est d’atteindre 4 000 maisons de santé.

Les Maisons de Santé Pluriprofessionnelles (MSP) ou pluriprofessionnelle (MSPP) : abritent plusieurs professionnels de santé libéraux de premier recours liés par un projet de santé commun (médecins généralistes, pharmaciens, chirurgiens-dentistes, masseurs-kinésithérapeutes ou encore infirmiers dans des proportions données), elles ne doivent pas compter moins de 2 médecins généralistes et au moins un autre professionnel du secteur paramédical.

Les Maisons de Santé Rurale (MSR) : elles sont une sous-catégorie de MSP qui présente la spécificité d’exercer en milieu rural, et sont soutenues par la Mutualité Sociale Agricole (MSA).

Les Maisons de Santé Pluriprofessionnelles Universitaires (MSPU) : les MSP ont la possibilité d’obtenir le titre de MSPU depuis 2017 dans l’objectif d’améliorer la recherche portant sur les soins primaires, la MSP devant répondre pour cela à des critères spécifiques en signant une convention spéciale avec l’ARS et un établissement d’enseignement partenaire.

Dans ces 3 cas de figure, la Société Interprofessionnelle de Soins Ambulatoires (SISA) est la forme juridique à privilégier. Car elle est capable de percevoir la rémunération versée par l’ARS en rétribution du travail de coordination, des missions de prévention ou de suivi de pathologies chroniques.

Les Centres de Santé doivent garantir l’accès aux soins pour tous : ils présentent une dimension sociale forte, que la Maison de Santé n’a pas nécessairement (pas prioritairement, du moins). Pour ce qui est des Centres de Santé médicaux, ils regroupent médecins généralistes, auxiliaires médicaux et spécialistes (gynécologie, ophtalmologie…) mais sont installés dans les zones urbaines défavorisées. Leur organisation est singulière : ils emploient des professionnels de santé en tant que salariés et sont gérés par des collectivités territoriales, des complémentaires santé voire des associations à but non lucratif. Leur grande spécificité est de pratiquer, systématiquement, le tiers-payant. C’est aujourd’hui ce qui les rend plébiscités des patients, dans le cadre de la coordination des soins : ne pas avoir à régler de reste à charge est pour eux un avantage majeur, en comparaison avec les autres types de structures.

La liste serait incomplète sans les Maisons Sport-Santé -outil de promotion de l’égalité des chances et d’accès au droit de la santé par le sport, créées en 2019 et soutenues par l’ARS car elles répondent à un objectif national de santé publique pour lutter contre les effets de la sédentarité- regroupent une grande variété de structures : collectivités territoriales, centres hospitaliers, associations sportives, établissements publics, espaces digitalisés ou encore structures itinérantes . 

Participer à une Maison de Santé Pluriprofessionnelle ou la créer

Côté praticiens, les MSP sont attractives en ce qu’elles apportent un confort d’exercice (temps de travail optimisé, interactions collégiales…). Les professionnels de santé fraîchement diplômés y voient le gros avantage d’être entourés, et de travailler en équipe. Pour exercer au sein d’une telle structure, vous avez la possibilité de la créer en fédérant d’autres professionnels de santé ou de rejoindre un projet existant.

Comment se crée un tel projet d’équipe ?

En respectant quelques étapes incontournables :

Imaginer collectivement des parcours individuels de santé et inscrire un suivi dans le temps

Prévenir ou soigner suppose un accompagnement individuel, même si dans les modes de vie on constate que les mêmes comportements on les mêmes effets et que des différences et inégalités existent suivant l’ancrage territorial des personnes

Les challenges sont nombreux : inscrire des parcours santé-Bien-Etre dans un temps long et les rendre attractifs pour fidéliser les patients. 

Le projet de santé précise :

L’interprofessionnalité est un mode d’exercice exigeant qui ne s’improvise pas

L’organisation des professionnels au sein de la structure (management, organisation de la pluriprofessionnalité, développement professionnel continu, accueil d’étudiants, mise en œuvre d’actions innovantes type télémédecine ou protocole de coopération…). Le projet de santé peut être amené à évoluer en fonction des professionnels en exercice, des besoins et de l’offre du territoire. C’est tout un travail collectif qui s’appuie sur des nouveaux métiers qui doit s’organiser. Ce thème est traité dans un autre dossier de notre série sur l’interprofessionnalité élargie.


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