Les études scientifiques ont établi que certains facteurs nutritionnels diminuent ou augmentent le risque de cancers. Comment adopter une alimentation santé pour prévenir les risques de développer un jour un cancer de sein et réduire la récidive post cancer ?

Revue scientifique

S’il est encore trop tôt pour prédire quel régime alimentaire précis provoque le plus de cancers du sein, toutes les études convergent vers une alimentation délétère dans les risques de cancer et de maladies cardiovasculaires.

Ainsi a été analysé le lien entre acides gras et cancer du sein : « Les régimes riches en graisses polyinsaturées ou végétales n’ont probablement aucun lien avec le risque de cancer du sein, indépendamment de leur contribution à l’apport total en graisses ». En revanche, « les régimes riches en graisses saturées augmentent probablement le risque de cancer du sein »

« Un modèle alimentaire caractérisé par des choix alimentaires riches en graisses était significativement associé à un risque accru de cancer du sein. Étant donné que le modèle alimentaire était riche en toutes les fractions d’acides gras, nous avons trouvé des preuves que les graisses alimentaires totales plutôt que des acides gras spécifiques étaient associées au risque de cancer du sein. »

Les habitudes alimentaires prédisent le risque de cancer du sein – preuve provenant de l’étude EPIC-Potsdam (European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition – Potsdam Study.)

« Les résultats : les patientes ont été suivies pendant une moyenne de 6 ans. Parmi celles-ci, 137 cas incidents de cancer du sein invasif ont été identifiés. Nous avons identifié un modèle alimentaire caractérisé par une faible consommation de pain et de jus de fruits, et une consommation élevée de viande transformée, de poisson, de beurre et d’autres graisses animales et de margarine. L’adhésion à ce modèle alimentaire ajusté, en fonction des co- variables, était associée à un risque multiplié par deux de cancer du sein ».

Il semble que les directives actuelles visant à réduire la consommation totale de graisses et la recommandation de consommer des graisses insaturées telles que les AGMI et les acides gras W-3 ainsi que de réduire la consommation d’AGS (viande et produits laitiers) pour éviter les maladies cardiaques soient également utiles pour le risque de cancer du sein.

Graisses alimentaires et cancer : ce qui est bon, ce qui est mauvais et les preuves à l’appui

Cette étude examine l’impact des graisses alimentaires sur le cancer. Elle souligne que la composition des graisses est plus déterminante que leur quantité totale, et que des graisses saturées modérées peuvent être acceptables dans une alimentation équilibrée. Les acides gras monoinsaturés d’origine végétale, notamment l’huile d’olive, semblent réduire le risque de cancer, tandis que l’effet des acides gras polyinsaturés dépend de leur ratio Omega 6 / Omega 3.

En résumé, toutes les études font un lien important entre obésité et cancer du sein. Dans les deux cas, le régime alimentaire est souvent identique : un régime riche en lipides qui induit des changements dans le microbiote intestinal conduisant à l’activation de voies pro-inflammatoires.

L’obésité, conséquence de la suralimentation, exacerbe l’inflammation, un facteur de risque connu pour le cancer en général et notamment du sein. Cependant, des données expérimentales ont montré que la composition des graisses alimentaires a un impact plus important sur la pathogenèse du cancer que la teneur totale en graisses dans les régimes riches en protéines animales ou végétales. De même, les études humaines n’ont pas prouvé qu’une diminution de l’apport total en graisses soit une stratégie efficace pour lutter contre le cancer.

Le consensus actuel est qu’un apport modéré en acides gras saturés, y compris l’acide palmitique (AP), ne présente pas de risque pour la santé dans le cadre d’une alimentation équilibrée.

En ce qui concerne les graisses monoinsaturées, les sources végétales sont recommandées. La consommation d’acides gras monoinsaturés végétaux, notamment issus de l’huile d’olive, a été associée à un risque de cancer plus faible. De même, le remplacement des acides gras animaux par des acides gras végétaux a diminué la mortalité par cancer. Des données in vivo ont montré des effets stimulants des Omégas 6 sur la croissance tumorale, tandis que les Omégas 3 étaient protecteurs.

En ce qui concerne les Acides gras trans (AGP), les données expérimentales ont principalement montré des effets opposés des acides gras produits industriellement et des acides gras naturels, ces derniers étant protecteurs contre la progression du cancer.

Lexique pour mieux comprendre

Acides gras insaturés, saturés et trans industriels (crédit Yuka)

Les acides gras saturés

Les acides gras saturés longs sont bons pour la santé (l’acide myristique, spécifique des produits laitiers, du beurre, des fromages). Ils aident au fonctionnement des cellules. De plus, beurre et fromage contiennent des probiotiques.

Consommés en excès, ces acides gras augmentent la synthèse du mauvais cholestérol et le risque de diabète, d’hypertension et donc les maladies cardiovasculaires.

Mais s’ils sont consommés en quantité raisonnable et accompagnés d’une activité physique suffisante, ils sont même bénéfiques pour le corps humain car ils lui fournissent de l’énergie et lui apportent des vitamines (A, D, E, K).

Les graisses saturées se trouvent principalement dans des aliments d’origine animale, bien que certaines sources végétales en contiennent également en quantités variables.

Les graisses saturées

Les acides gras saturés longs sont néfastes pour la santé (l’acide palmitique, majoritaire dans l’huile de palme ainsi que dans l’huile de coprah).

On les trouve malheureusement un peu partout dans les produits transformés comme les pâtes à tarte (même les bio), les pâtes à tartiner au chocolat, des plats cuisinés… Ils sont peut-être moins nocifs que les graisses trans.

Les acides gras trans

Les acides gras trans sont à bannir. Ils sont issus d’une transformation industrielle. Non seulement ces graisses ont été modifiées dans la structure, mais elles sont très souvent de qualité très médiocre.

On les retrouve principalement dans les produits ultra transformés tels que les viennoiseries, les biscuits industriels, les plats cuisinés…

Elles sont néfastes pour la santé, peuvent augmenter le taux de cholestérol LDL et de triglycérides dans le sang, qui sont deux facteurs de risque cardiovasculaire.

Les sucres rapides délétères pour la santé et l’inflammation

La surconsommation du fructose dégrade l’ATP (l’adénosine triphosphate, qui permet aux cellules d’utiliser l’énergie en provenance des aliments) qui se transforme par réaction en chaîne en acide urique, un « déchet » métabolique, entraînant une augmentation du taux d’acide urique dans le sang.

Or, l’acide urique a des effets inflammatoires et augmente le stress oxydatif, un phénomène qui agresse les cellules et entrave leur fonctionnement.

L’acide urique est capable de passer dans le cerveau et d’altérer les neurones, notamment l’hippocampe (le siège de la mémoire) c’est pourquoi le fructose est lié au déclin cognitif.

Fructose : fruits et sucres rapides

Le plus délétère sont les boissons sucrées : non seulement elles contiennent de grandes quantités de fructose, mais elles sont avalées si rapidement qu’elles « suractivent » la réaction décrite précédemment.

Les autres facteurs de risques environnementaux

L’exposition aux perturbateurs endocriniens, polluants, les métaux lourds… sont des facteurs de risque de développer des pathologies graves telles que des cancers, dont le cancer du sein.

Les perturbateurs endocriniens en général sont aussi une des cause de la pathologie chronique de l’obésité, en constante augmentation en France depuis 1997.

Autre facteurs de risques : les pesticides, les phtalates, les solvants organiques, pour lesquels vous trouverez tous les risques et informations sur les risques de cancer, sur ce site :

Attention également aux produits cosmétiques : ils ne sont pas tous inoffensifs. Une enquête de Que Choisir vous explique les molécules toxiques à éviter.

Recommandations pour prévenir le cancer du sein

Compte tenu de ce consensus scientifique, on peut raisonnable donner quelques indications précieuses pour avoir un régime alimentaire bon pour la santé.

Pour le cancer du sein, une alimentation riche en fibres et en oméga-3 couplée à une activité physique réduit le risque de récidive.

Les recommandations des études scientifiques en règle générale

Une alimentation saine est un des facteurs protecteurs de la santé cardiovasculaire.

Le régime alimentaire le plus équilibré en prévention pré et post-cancer

Il faut adopter les principes du « régime méditerranéen » qui a prouvé depuis longtemps ses nombreux bénéfices pour la santé : c’est lui qui produit le plus de centenaires à l’exception du régime asiatique japonais.

Riche en acides gras monoinsaturés (acide oléique), antioxydants, vitamine E qui peut diminuer le risque de lésions pré-cancéreuses et faire chuter l’inflammation dans l’organisme avec des polyphénols (une famille de molécules hydrosolubles largement présente dans le règne végétal), ce régime réduit les biomarqueurs inflammatoires (CRP, TNF-α) (facteurs de stress majeurs, sécrétions par le foie des protéines de l’inflammation) et diminue les dommages à l’ADN prévenant ainsi les mutations cancéreuses.

crédit : Centre de Ressources et d’Informations Nutritionnelles

Astuces

La fermentation des aliments riches en polyphénols améliore la biodisponibilité et la bio-activité des polyphénols. Dans la fermentation, les micro-organismes transforment les polyphénols macromoléculaires en composés plus petits.

Ils incluent des bactéries lactiques, des levures et des moisissures qui augmentent leur activité antioxydante en les rendant plus actives et facilement absorbables.

On constate ainsi une réduction des marqueurs inflammatoires après leur ingestion.

Sur le net, il existe de nombreux livres pour apprendre à faire soit même légumes ou boissons fermentées.

Les régimes riches en graisses saturées activent la voie NF-κB via l’IL-6 (processus inflammatoire) et le TNF-α (facteur de nécrose tumorale), favorisant la survie des cellules cancéreuses. Un régime anti-inflammatoire diminue cette voie, réduisant le risque de récidive.

Ce n’est pas seulement la meilleure façon de se nourrir avec des aliments de qualité, c’est aussi une hygiène de vie pour les européens que nous sommes.

Tout dans son application est la garantie d’une bonne santé, mais, quelles que soient vos bonnes résolutions, il faut intégrer une à une les nouvelles habitudes nutritionnelles, pour les pérenniser.


Comment le mettre en pratique ? Suivez le guide :
Le régime méditerranéen en pratique


Astuces

Pour connaître les meilleures sources de lipides

Un régime riche en fibres, en acides gras oméga-3, comme les poissons gras (truite, le hareng … noix…), avec des flavonoïdes et antioxydants, améliorent la survie des survivants du cancer, notamment pour le sein. Les fibres augmentent la production de butyrate (principale source d’énergie dans les cellules épithéliales) aux effets anti- inflammatoires, limitant la progression du cancer.

En ce qui concerne les acides gras et molécules bioactives, les oméga-3 ont la capacité d’inhiber la production de cytokines pro-inflammatoires et réduisent les risques de récidive du cancer du sein.

Les flavonoïdes comme la quercétine (le flavonoïde que nous ingérons le plus souvent dans le cadre d’un régime alimentaire sain), inhibent la prolifération des cellules cancéreuses et favorisent leur apoptose (mort de la cellule cancéreuse). https://www.la-source.info/content/26-les-flavonoides-au-grand-pouvoir-therapeutique-

Les phyto-estrogènes (dans les fruits, les légumes, les céréales, les noix, les graines comme le lin, et les légumineuses en contiennent en quantité variable. La source la plus concentrée de phyto-estrogènes est le soja).

Et les isoflavones du soja (dérivés du soja et en quantités plus modestes dans les légumes secs, les oignons, les pommes, le vin rouge et le thé…) se lient aux récepteurs des oestrogènes (agissent sur la glande mammaire), bloquant leur activation excessive et réduisant la prolifération des cellules cancéreuses en inhibant la voie PI3K/Akt (intracellulaire importante dans la régulation du cycle cellulaire. Il est directement lié à la prolifération, au cancer et à la longévité).

Les complémentations alimentaires utiles

Vitamine C et glutathion

La vitamine C et le glutathion (aide à régénérer d’autres molécules antioxydantes) neutralisent les ERO (espèces réactives de l’oxygène), limitant les dommages oxydatifs à l’ADN des cellules saines, et diminuent ainsi les mutations tumorales. La vitamine C est la seule vitamine qui, synthétique ou végétale, a le même effet. Elle neutralise les radicaux libres (espèces réactives de l’oxygène et de l’azote), protégeant ainsi les cellules des dommages oxydatifs, recycle la vitamine E. Elle réduit l’inflammation et le stress oxydatif, jouant un rôle protecteur contre les maladies inflammatoires et chroniques. Une carence prolongée entraîne saignements des gencives, perte des dents, malformation des os et faiblesse des vaisseaux sanguins. Dès 200 mg/jour, la vitamine C augmente les chances de survie en cas de cancer.

Vitamine D

Aliments source de vitamine D

Vitamine D : vitamine pour laquelle les bénéfices sont les plus nombreux, elle stimule le système immunitaire pour produire des peptides antimicrobiens, antibactériens aussi puissants que les antibiotiques, diminue les risques de cancer et augmente les chances de survie en cas de cancer déclaré :

La vitamine D réduit également la fatigue.

La meilleure vitamine D liposoluble est celle d’origine végétale dérivée du lichen (organismes vivants complexes issus de la symbiose entre une algue et un champignon, de la même molécule que celle que notre peau synthétise lors d’une exposition au soleil, contrairement à la vitamine D classique issue de la lanoline (laine de mouton) qui n’offre pas la même traçabilité et moins biodisponible).

Les Omega 3

Aliments riches en Omega 3

Les Oméga 3 inhibent la production de cytokines pro-inflammatoires (TNF-α, IL-6) et réduisent les risques de récidive du cancer du sein.

Il y a plusieurs sortes d’Omega 3. Ceux issus du poisson (EPA et DHA) sont considérés par les chercheurs comme des acides gras non essentiels (il est possible de survivre sans en ingérer).

En revanche, il est impossible de survivre sans consommer un autre acide gras oméga-3, l’ALA (acide alpha-linolénique) qui est considéré comme un acide gras essentiel, bien que son activité biologique soit faible car notre organisme doit convertir une partie de l’ALA ingéré en EPA puis en DHA.

Cependant, le fait de ne pas consommer d’EPA et de DHA en plus de l’ALA peut exposer à de plus grands risques de santé.

Les acides gras oméga-3 EPA et DHA sont des graisses très fragiles et susceptibles de s’oxyder. Aussi, pour les compléments alimentaires, il faut être très vigilant : l’oxydation rend impropre à une consommation optimale. Elle peut même devenir nocive.

Astuces

Pour savoir lequel choisir, il faut connaitre son indice de peroxydes (PV), inférieur ou égale à 5 et le plus bas possible ; l’indice d’anisidine (AV) est supérieur ou égale à 20 ; ou encore connaitre son indice TOTOX qui est la somme du PV et de l’AV selon la formule (2 x PV + AV). Une huile devient nocive quand son TOTOX est supérieur ou égal à 26.

Pour conserver leurs bénéfices, il faut impérativement les conserver au réfrigérateur.

Les travaux menés sur le sujet montrent qu’une augmentation de seulement 10 degrés multiplie par 2 ou 3 la vitesse d’oxydation des oméga-3 en compléments alimentaires. Les compléments alimentaire d’oméga-3 de qualité font baisser les niveaux de cholestérol et améliorent la santé vasculaire alors que les oméga-3 oxydés la détériorent :

Bénéfices de l’activité physique

L’activité physique, essentielle pour la santé physique et mentale, peut aider à avoir une quantité et qualité de sommeil indispensable en cas de cancer. D’intensité modérée, comme la marche, la natation, le jardinage, … quelque soit l’activité, elle favorise la fonction musculaire, la diversité microbienne en augmentant les bactéries bénéfiques. Elle réduit les marqueurs d’inflammation en améliorant la fonction barrière intestinale. Bonne pour le moral, elle aide également à rester combatif en cas de maladie. Dans certaines pratiques, comme le yoga, elle aide également à conserver un lien social.

Yoga

Un dossier de Charlotte de Bouteiller, hypnothérapeute et nutrithérapeute

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