3 questions à Valérie Meunier, vétérinaire

3 questions à Valérie Meunier, docteur spécialiste en ophtalmologie vétérinaire

Valérie Meunier, docteur spécialiste en ophtalmologie vétérinaire à Lognes (77) nous partage les raisons qui l’ont fait choisir son métier, des temps forts de son quotidien et ses projets pour l’avenir.

Cette interview du Dr Valérie Meunier, fait écho à un récent article du Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL) dont elle est une administratrice, sur le « Certificat d’Engagement et de Connaissance » (CEC), en faveur du bien-être animal : lire l’article sur veterinaireliberal.fr

Ce certificat a été institué par le Ministère de l’Agriculture via le Décret n° 2022-1012 du 18 juillet 2022 relatif à la protection des animaux de compagnie et des équidés contre la maltraitance animale.

Entrevue filmée dans le cadre de notre série d’interviews 3 questions pour un professionnel libéral :

  1. Quelles sont les raisons de votre engagement dans la profession libérale choisie ?
  2. Quel est votre meilleur souvenir, une émotion forte de votre exercice professionnel ?
  3. Quel projet professionnel, quel développement nourrissez-vous aujourd’hui ?

Les professions libérales, ce sont les métiers de la vie, des professions à impact qui accompagnent les particuliers et les entreprises au quotidien avec proximité et humanité, de la naissance à la fin de leur existence, dans leurs réussites comme dans leurs difficultés.

En voici une belle illustration avec notre invitée du jour, Valérie Meunier, qui nous confie d’emblée :

« Le métier de vétérinaire praticien est vraiment un métier de passion qui allie à la fois la passion de l’animal bien sûr, mais aussi la passion de médecine et la passion de l’être humain. »

Voir la vidéo portrait de Valérie Meunier, vétérinaire :

Extraits choisis


Le métier de vétérinaire praticien est vraiment un métier de passion qui allie à la fois la passion de l’animal bien sûr, mais aussi la passion de médecine et la passion de l’être humain. Parce qu’on est tout le temps en contact avec les propriétaires d’animaux.

La définition de l’exercice libéral pour moi, c’est la liberté et l’indépendance. J’ai toujours exercé en libéral, parce que j’ai un caractère très indépendant, j’aime le côté liberté d’action et liberté d’exercice qui pour moi est fondamental.

Depuis toute petite, j’ai toujours voulu faire de la médecine, quelle qu’elle soit, A la maternelle je voulais déjà être infirmière et je dévorais tous les romans qui avaient trait au milieu médical. Et puis très vite, comme je n’avais pas d’animal à la maison, je voulais être vétérinaire. C’est quelque chose qui m’a suivie tout le temps et c’est ainsi que j’ai fait des études de vétérinaire. : heureusement, j’ai eu les capacités pour les faire !

Un jour, mon père coupait du bois et s’est mis une écharde dans l’œil, je l’ai emmené chez l’ophtalmologiste et de fil en aiguille, ça c’est compliqué et il a fallu y retourner plusieurs fois pendant plusieurs semaines. On a sympathisé avec l’ophtalmologiste qui m’a dit « Eh bien, venez voir comment j’opère des cataractes dans mon bloc opératoire. »

Là, mon rêve s’est accompli : j’entrais dans un bloc opératoire en médecine humaine ! J’y suis restée plusieurs années comme aide opératoire. J’étais à l’écoute de tout, j’observais tout. En tant que vétérinaire, je n’avais pas le droit de manipuler sur l’homme, mais j’ai beaucoup appris de ces années et j’ai tout refait ensuite sur l’animal.

Ensuite, progressivement, mes amis vétérinaires généralistes m’ont appelée parce qu’ils avaient des cas dont ils n’avaient pas à se sortir pour l’ophtalmologie. J’avais tout le matériel dans la voiture et j’allais de clinique en clinique, sur toute la région parisienne pendant 16 ans. Je connaissais tout le monde, j’avais un rapport extrêmement intéressant auprès de tous les vétérinaires, tous les auxiliaires vétérinaires et puis tous les propriétaires d’animal… C’était un métier extrêmement humain. Cette relation humaine me plaisait énormément en plus de la relation que j’avais avec l’animal.

Et puis je me suis spécialisée en faculté de médecine, j’ai décroché mon Certificat d’études supérieures (CES), j’ai été agréée pour détecter les tares oculaires chez les animaux. Enfin en 2009, je me suis installée en association avec un autre vétérinaire qui lui aussi ne voulait faire que de l’ophtalmologie et on s’est installés à Lognes dans le 77, parce que c’était une zone facile d’accès pour tous les gens qui viennent de toute la France parfois. Nous avons ouvert une structure dédiée à l’ophtalmologie du chat, du chien et puis des lapins et nous avons obtenu le diplôme de spécialistes en ophtalmologie vétérinaire par la Validation des Acquis de l’Expérience (VAE).

Nous sommes 23 spécialistes en France. Il n’y en a pas assez, donc tout le monde est archi surchargé de travail. Mais comme dans tout le métier, il n’y a pas assez de vétérinaires…

La médecine humaine nous pousse vers le haut pour la médecine vétérinaire. Les chiens et les chats sont de mieux en mieux soignés d’une part parce que leurs propriétaires sont en demande de soins de plus en plus poussés. Et on bénéficie aussi de l’évolution de la médecine humaine.

Et pour une fois, c’est dans ce sens que ça se passe. C’est la médecine humaine au profit de la médecine vétérinaire et non l’inverse. Les chiens ne sont plus des cobayes, mais au contraire on revient vers l’animal pour son bien être.

Il y a à la fois le côté animal et le côté humain, toujours, c’est indissociable dans le métier de vétérinaire. Le côté animal, c’est rendre la vision d’un animal ou lui enlever sa douleur. Parfois l’œil est totalement traumatisé. Il s’est battu avec un chien, il a percé son œil, ou alors malheureusement, il y a des cancers aussi de l’œil, donc l’œil gonfle, l’œil lui fait mal et le but c’est qu’il n’ait plus mal.

L’animal, c’est le son bien être, donc c’est le soulager afin qu’il reprenne une vie normale. Ou alors dans le meilleur des cas, lui rendre sa vision.

Le plus beau compliment qu’on puisse nous faire après, c’est le maître qui dit « Oh Guizmo, ça y est, il rejoue avec sa balle, il est heureux, il y retrouve sa vivacité d’antan. On le retrouve ce chien, on le retrouve comme il était avant. »

Une autre fois, on opère un vieux chien de cataracte, un vieux chien qui peinait à marcher, qui était plutôt dans son coin. Et tout d’un coup le propriétaire nous dit : « Là, il a rajeuni, il a rajeuni de dix ans, ça y est, il remarche, il est gai, il est dynamique, il a vraiment retrouvé son enthousiasme d’avant. » Ca c’est une très belle récompense pour nous !

Et quand les chiens reviennent à la clinique, ils sont vraiment heureux de nous voir. Je me souviens d’un husky qu’on avait opéré des deux yeux d’une cataracte, avec deux chirurgies. Il était venu souvent en consultation, mais dès qu’il venait, dès qu’il arrivait sur le parking, il tirait sa propriétaire pour venir jusqu’ici, jusqu’à l’entrée de la clinique, et me sauter dans les bras. Il me léchait partout. Il était heureux de me voir. La propriétaire n’en revenait pas, car il ne faisait ça avec personne d’autre ! C’était vraiment une récompense pour moi d’avoir cette joie de vivre de ce chien qui m’adorait littéralement.

Et dans les côtés positifs, il y a aussi la reconnaissance bien sûr du propriétaire. Quand vous avez réussi un cas difficile – par exemple le chien malheureusement ne voit plus mais il n’a plus mal, donc il est bien – et qu’on vous offre un bouquet de fleurs pour vous remercier d’avoir fait ces bons soins à l’animal, je pense qu’on a vraiment réussi notre métier de vétérinaire, avec tout ce que ça implique d’investissement humain et animal.

Tout ce qui touche à l’œil, c’est vraiment quelque chose de traumatisant et de magique en même temps.

C’est un univers que personne ne connaît, donc tout le monde y extrapole avec beaucoup d’imagination. Et quand on dit à quelqu’un « On va retirer l’œil de votre chien parce qu’on ne peut pas faire autrement. » En général, les gens s’écroulent et fondent en larmes. D’ailleurs, c’est pour ça que j’ai un paquet de kleenex sur mon bureau.

J’en ai qui me racontent alors leur vie, qui me racontent la charge émotionnelle qu’ils ont dans leur vie. Ca peut venir du fait qu’ils ont un enfant tétraplégique à charge, avec le mari qui a un cancer et c’est la femme qui supporte tout. Et donc, quand on lui annonce qu’on enlève l’œil de son chien, c’est la goutte d’eau qui fait déborder un vase.

Donc on a plein de situations psychologiques à gérer pour soutenir les propriétaires, les accompagner dans tout ce phénomène difficile pour eux à digérer et vraiment faire de l’empathie.

C’est parfois très lourd à supporter, mais c’est indispensable pour que tout se fasse en phase avec tout le monde. On est vraiment un métier d’écoute. Les vétérinaires, les gens nous font confiance, vraiment. Et l’animal, c’est le lien entre le vétérinaire et l’humain en fait, tout simplement. Et on est là pour ça.

Pour l’avenir, il y a deux chantiers prioritaires dans lequel je m’engage.

Il y a d’abord former la jeune génération. Parce que le but du vétérinaire, c’est aussi de transmettre son savoir, surtout les spécialistes, pour former la relève de demain après nous.

Dans notre cabinet, on a ainsi embauché une jeune vétérinaire qui veut se spécialiser en ophtalmologie. Pour l’instant, elle n’a pas la compétence, mais on va tout faire pour la lui transmettre, autant au niveau consultation qu’en chirurgie.

On fait aussi régulièrement des conférences lors de congrès ou auprès des autres vétérinaires généralistes, pour les former à l’ophtalmologie. Toute cette transmission est très importante.

Et puis il y a aussi la diversité du métier. Par exemple, je me suis investie dans le Syndicat national des vétérinaires libéraux progressivement, et c’est un petit peu voir le métier à l’autre bout de la lorgnette du côté praticien.

Le syndicat est là pour défendre et protéger les vétérinaires dans leur exercice quotidien, par exemple les soulager de toutes les tracasseries administratives, qui sont très lourdes. Donc il intervient à tous les niveaux dans la radioprotection, dans le maillage vétérinaire, parce qu’il y a des déserts médicaux en France, c’est comme en médecine. En médecine vétérinaire, il y a aujourd’hui des élevages de bovins qui n’ont plus de vétérinaires traitants. C’est extrêmement compliqué.

Donc tout ce qui collabore a augmenter le pool de vétérinaires en France, comme la formation, la création d’une nouvelle école qui vient d’être créée à Rouen. Et tout ça, ça a été fait avec le syndicat, partie prenante avec plein d’autres associations professionnelles.

Le syndicat est partie prenante dans tous les grands dossiers, que ce soit pour le bien être animal ou pour le mouvement « One Health« .

L’initiative « One Health » ou « Une seule santé » en français, est un mouvement qui s’est développé avec le Covid. Comme vous lesavez, le Covid, est d’origine animale, il fallait donc regrouper à la fois les vétérinaires pour le côté animal, les médecins pour le côté humain, les épidémiologistes, les biologistes, tout ça, sous l’approche globale « One Health ». C’est un de nos chantiers d’avenir d’essayer de regrouper toutes ces médecines, qui sont un peu dissociées, pour en faire un seul corps.

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  1. Marie Christine Barbotin, chirurgien-dentiste
  2. Emira Zaag, architecte
  3. Antoine Feuvrier, huissier de justice
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  5. Arthur Clément, médecin biologiste
  6. Isabelle Berthé, sophrologue
  7. Gilles Bösiger, expert comptable
  8. Debora Farji Haguet, interprète traductrice
  9. François-Xavier David, mandataire judiciaire à la protection des majeurs
  10. Patrick Prigent, administrateur judiciaire
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  12. Clara Huynh, conservatrice-restauratrice en patrimoine métallique

 

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