3 questions à Marc Mortlemans, journaliste
Marc Mortlemans, journaliste à Paris, nous partage les raisons qui l’ont fait choisir son métier, des temps forts de son quotidien et ses projets pour l’avenir.
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Marc Mortlemans a été prof de plongée, guide d’expédition de montagne dans les Andes, il a travaillé à comme journaliste dans la presse écrite, à l’Agence France Presse et au journal télévisé d’ARTE… Mais, depuis le confinement, c’est dans le podcast qu’il s’éclate aujourd’hui, en solo dans son podcast « Baleine sous Gravillon » et en équipe dans le podcast « Mécaniques du vivant » sur France Culture.
Entrevue filmée dans le cadre de notre série d’interviews 3 questions pour un professionnel libéral :
- Quelles sont les raisons de votre engagement dans la profession libérale choisie ?
- Quel est votre meilleur souvenir, une émotion forte de votre exercice professionnel ?
- Quel projet professionnel, quel développement nourrissez-vous aujourd’hui ?
Les professions libérales, ce sont les métiers de la vie, des professions à impact qui accompagnent les particuliers et les entreprises au quotidien avec proximité et humanité, de la naissance à la fin de leur existence, dans leurs réussites comme dans leurs difficultés.
Voir la vidéo portrait de Marc Mortlemans :
Extraits choisis
« Quand je me lève et que je me rase le matin, il n’y a rien qui me paraît plus important que de défendre, que de faire tout ce que je peux pour défendre et sensibiliser sur ce qui reste du vivant.«
Quelles sont les raisons de votre engagement dans la profession libérale choisie ?
J’ai beaucoup changé d’activité dans ma vie. J’ai 53 ans, j’ai une vie pas tout à fait conventionnelle, dans la mesure où de 30 à 40 ans, j’avais décidé de prendre ma retraite à l’envers, parce que je trouve ça idiot de profiter de son argent, de sa tranquillité à partir d’un âge où tu ne peux plus te faire grand-chose physiquement. C’est pourquoi, de 30 à 40 ans, j’ai bossé comme prof de plongée et comme guide d’expédition de montagne dans les Andes. Quand j’ai décidé de rentrer à 40 ans, le plus dur a été la réintégration dans la société française.
J’ai fait plein de choses différentes dans ma vie professionnelle : à la base, je suis journaliste et j’ai commencé en agence, à l’AFP, je n’y suis pas resté longtemps. J’ai eu la chance de bosser en presse écrite, en radio… j’ai notamment couvert les attentats du 11 septembre 2001 : j’étais alors à l’antenne à l’AFP Audio, qui était la radio des radios.
J’ai bossé pour la presse jeunes et pour la presse magazine. J’ai travaillé en télé, au journal télévisé d’Arte.
Dernièrement, je suis devenu podcaster à la faveur de la Covid. Avant ça, j’étais réalisateur de vidéos corporate, c’est-à-dire de vidéos institutionnelles. La Covid a mis un brusque coup d’arrêt à toutes ces activités et je me suis retrouvé sans rien. A partir de là, j’ai décidé de faire ce qui me passionnait à l’époque.
Car, avant de créer mes propres podcasts, j’écoutais 5 à 6 heures de podcasts par jour, surtout pendant la Covid où on avait que ça à faire…
J’adore le son, la voix, et tout naturellement, j’ai choisi ce média, après en avoir essayé beaucoup d’autres… Au début 2020, je me suis lancé tout seul, quand on était confiné, tu te souviens ? Le monde entier était confiné, quasiment. Et c’est comme ça que j’ai créé mes podcasts.
Il n’y a rien aujourd’hui, quand je me lève et que je me rase le matin, qui me paraît plus important que de défendre, de faire tout ce que je peux pour défendre et sensibiliser sur ce qui reste du vivant.
Je te fais pas un dessin. Tu es au courant qu’il y a un réchauffement climatique. Il y a aussi plus qu’un déclin, une éradication, une chute massive de la biodiversité, qui s’effondre à un rythme qui est 10 à 1.000 fois supérieur à la normale dans ce qui s’est passé dans les autres âges géologiques bien longtemps avant l’humain.
Donc, tu vois bien que là, le rythme d’extinction des espèces et toutes les activités anthropiques, toutes les activités de l’humain, nécessitent qu’on se réveille un peu et que l’humain se décide à devenir le grand frère de tout ce qui essaye de survivre dans nos marges.
Quel est votre meilleur souvenir, une émotion forte de votre exercice professionnel ?
J’ai le savoir-faire, j’ai la passion. Ça me permet d’en vivre enfin, après quelques années de galère. Et il se trouve que c’est ce dont le monde a besoin. Je suis un travailleur heureux, de ce point de vue-là.
J’ai beaucoup de plaisir à rencontrer des gens. A chaque nouvelle émission, j’en ai fait des centaines, à chaque fois, c’est un invité différent.
J’ai ce plaisir, en tant qu’être humain, c’est un besoin que j’ai de rencontrer des gens différents. C’est pour ça que je fais ce métier. Comme on est dans l’humain, il y a à boire et à manger , mais, globalement, ce sont des gens qui m’ont considérablement enrichi. Donc ça, c’est un premier bonheur.
Ensuite, après avoir créé mes podcasts tout seul au début, quand j’ai commencé à bosser à Radio France, j’ai eu le plaisir à travailler en équipe, avec d’autres gens.
La grande différence entre mes podcasts, « Baleine sous Gravillon« , où je fais tout, tout seul, et « Mécaniques du vivant » sur France Culture, c’est qu’il y a toute une équipe qui s’occupe du podcast. Par exemple, j’ai la chance d’avoir une réalisatrice sur France Culture, qui va notamment faire l’ambiance sonore du podcast. Tu imagines bien que ce n’est pas du tout le même travail, ni les mêmes moyens qu’il y a sur « Baleine sous Gravillon », que sur « Mécaniques du vivant ».
Il y a ce plaisir de travailler en équipe, même si, parfois, il y a aussi des engueulades ou des désaccords. Mais ça, qui n’en a pas ? Mais au global, c’est quand même une chance. C’est intéressant d’apprendre à travailler avec des gens. Tu apprends des nouvelles choses, c’est sympa. J’ai aussi la satisfaction, à chaque émission que je fais, d’apprendre de tous ces gens que j’invite et de creuser le sujet derrière, quand il y a besoin. C’est ainsi que je m’enrichis moi-même du contenu de mes propres émissions.
Quand j’invite quelqu’un qui me raconte la migration des oiseaux, que je fais une émission, que j’enregistre pendant 5 heures et qu’après, je monte ça pendant des semaines… A la fin, le simple fait d’avoir enregistré puis monté, je retiens beaucoup de choses et c’est ce qui me permet, demain, après-demain, l’année suivante, d’écrire des livres sur toutes ces choses. J’ai ainsi la chance de faire un métier qui m’enrichit tous les jours, humainement, mais aussi sur le fond. Mes bons souvenirs, c’est plutôt ça.
Après, il y a aussi des moments de galère. Il y a des moments où tu te sens très seul devant le précipice. Dans mon métier, on a tous la même peur, celle de rater l’enregistrement.
Une fois, j’interviewais quelqu’un sur la giga faune, c’est-à-dire sur les animaux géants du passé, de la préhistoire. Le mec était génial. On s’entendait très bien, il y avait une grande complicité, une sorte d’ikigaï de l’enregistrement. Le mec était très bon, très sympa, il y avait une belle énergie entre nous, tout se passait très bien. Ce qui s’est passé, c’est que j’avais mal appuyé sur le bouton Rec (d’enregistrement vidéo). Je m’en suis rendu compte aux 2/3 tiers de l’interview ! Heureusement, sans entrer dans les détails, j’ai toujours ce qu’on appelle des backups, des trucs qui tournent en parallèle, un enregistrement sonore de secours, de moins bonne qualité. En l’occurrence, là, j’avais ce qu’on appelle le « son témoin », qui était considérablement moins bon que le son qu’on s’évertue à bien enregistrer avec des micros. Cette émission, j’ai pu la garder et la diffuser mais, de manière très bête, il y a une partie du son qui est beaucoup moins bon que l’autre.
Quel projet professionnel, quel développement nourrissez vous aujourd’hui ?
Par nature, et aussi par obligation, je suis sans arrêt obligé de penser à demain, parce que je sais très bien que mes émissions ne sont pas éternelles. Moi même, je ne suis pas éternel. C’est pour ça que là, je pense déjà à demain.
Je te disais tout à l’heure que j’ai embauché des gens pour m’aider en pigiste, en freelance. Ce qui m’intéresse, c’est de passer le bébé à des gens que j’aurais formés. La nécessité de défendre le vivant, elle va être impérieuse longtemps après que je sois parti, que je sois mort. Ce qui m’intéresse, c’est de léguer une petite postérité de tout ça.
C’est pour ça que mon média est devenu une asso, Baleine sous Gravillon est devenu une association Loi 1901, pour remplir cet objectif-là, de s’inscrire un peu dans une forme de pérennité, parce que je pense qu’il y en a besoin, largement au-delà de ma petite personne, on est en train de réfléchir comment continuer à intéresser les gens sur les réseaux sociaux.
Parce que si pendant des années, tu fais la même chose, tu fais les mêmes posts avec la même recette, etc, tu sais très bien que ça finit par lasser. Donc moi, en plus de tout le reste, et je pense que ça vaut dans beaucoup de professions, j’ai besoin de surprendre chaque semaine.
On n’attrape pas les mouches avec du vinaigre. On a besoin de se réinventer chaque semaine.
C’est un autre point challengeant dans ce que je fais, dans le métier que je me suis quelque part inventé. Mon métier, ce n’est pas juste faire des interviews. A un moment donné, j’ai dû créer un logo pour le podcast, j’ai dû résoudre y compris des problèmes administratifs, voire légaux. C’est un autre aspect, je trouve, intéressant de ce que je fais, c’est que c’est tentaculaire. Quand tu crées un média comme ça, comme Baleine sous Gravillon, tu es obligé, tu es forcé, que tu en aies le goût ou pas, d’être un couteau suisse et de t’intéresser à plein de matières.
Même si tu fais un truc génial, ça ne dure jamais. Il faut sans cesse se réinventer.
Il faut le faire sur la forme, c’est ce que j’essaie de faire, mais il faut aussi changer parfois de thème, d’émission, etc. Tu as bien compris que moi, j’ai créé des podcasts, j’ai écrit des livres, je fais des conférences pour lesquelles je dois faire des présentations… Quelque part, c’est presque un métier à part entière aussi de faire des conférences. Accessoirement, je donne des cours de journalisme. J’ai plein de cordes à mon arc. Mais c’est juste pour te dire que je suis sans arrêt sur la brèche et sans arrêt en train d’imaginer de nouveaux projets.
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Les interviews de la Chaîne YouTube
Nos professions libérales exercent des métiers à impact, ces vidéos mettent en relief la contribution de chacun dans le monde que nous avons envie de construire ensemble pour qu’il dure.
Retrouvez sur notre chaîne YouTube toutes nos vidéos :
- Marie Christine Barbotin, chirurgien-dentiste
- Emira Zaag, architecte
- Antoine Feuvrier, huissier de justice
- Gérald Coutaye Caroumbin, ostéopathe kinésithérapeute
- Arthur Clément, médecin biologiste
- Isabelle Berthé, sophrologue
- Gilles Bösiger, expert comptable
- Debora Farji Haguet, interprète traductrice
- François-Xavier David, mandataire judiciaire à la protection des majeurs
- Patrick Prigent, administrateur judiciaire
- Valérie Meunier, docteur spécialiste en ophtalmologie vétérinaire
- Clara Huynh, conservatrice-restauratrice en patrimoine métallique
- Jean-Charles Nicollet, conseil en propriété intellectuelle
- Tiffany Serna, ergothérapeute
- Etienne Huguet, économiste de la construction
- Fanny Bon, architecte intérieur
- Guillaume Géneau, géomètre expert
- Aurélie Lebrasseur, diététicienne-nutritionniste
- Richard Fourdrinoy, éducateur sportif
- Alain Toledano, médecin cancérologue
- Stéphane Pellerin, facilitateur de mise en synergie des dynamiques territoriales
- Marc Mortelmans, journaliste et podcasteur




